♦ Médiéval
Le prieuré de Ronsard
Véritable « paradis sur terre » selon les chanoines du XIIe siècle, le prieuré Saint-Cosme en Touraine fut la demeure de Pierre Ronsard (1524-1585) pendant vingt ans. Nommé prieur par Catherine de Médicis en 1565, le poète se passionne pour le potager et l’art de la greffe. Amoureux des jardins qui « sentent le sauvage », il cultive, à l’arrière de la maison, asperges, fraises, aubergines (importées de Florence) et melons à déguster confits, qu’il offre au roi Henri III lors de ses séjours dans la région.
→ PRATIQUE. Confiné ou déconfiné, le potager de poche fait fureur
D’autres plantations ont des visées médicinales : les pavots en décoction contre les rhumatismes, la pimprenelle, la bourse à pasteur et la raiponce préparées en salades pour faciliter la digestion de cet amateur de bonne chère. Les carrés de potager visibles aujourd’hui sont le fruit d’une ambitieuse recréation contemporaine. Inspiré de l’histoire du lieu et de fouilles archéologiques, le parcours comprend douze espaces végétalisés : jardin des parfums, jardin des simples, verger avec 75 variétés de fruitiers, pergola de roses anciennes…
Rue Ronsard, à La Riche (Indre-et-Loire). prieure-ronsard.fr
♦ Impressionniste
Le « clos » de Monet
« Mon chef-d’œuvre, c’est mon jardin », avait coutume de dire Claude Monet (1840-1926) à propos de Giverny. Passionné d’horticulture, collectionneur d’essences rares (notamment de pivoines importées du Japon), le peintre consacra beaucoup d’argent et d’énergie à ce laboratoire esthétique, entretenant avec une armada de jardiniers les luxuriants parterres fleuris. Il ira jusqu’à financer l’asphalte de la rue pour que ses plantations ne soient plus souillées par le passage des voitures sur le chemin de terre !
→ PORTRAIT. Giverny : Jean-Marie Avisard, gardien de Monet
Le « clos normand » et le célèbre jardin d’eau offrent une profusion de couleurs, dont la palette se renouvelle au fil des saisons. Le début de l’été est marqué par l’éclosion des nymphéas, motif de prédilection du peintre à la fin de sa vie. Leurs teintes pastel font écho, sur la rive, aux massifs d’astilbes rose tendre qui se reflètent dans l’étang, brouillant les perceptions. Devant la maison, les géraniums roses et rouges rivalisent d’éclat avec les capucines qui envahissent l’allée centrale.
À Giverny (Eure). claude-monet-giverny.fr
♦ Intimiste
Les jardins d’Henri Le Sidaner
C’est sur les conseils de son ami Rodin qu’Henri Le Sidaner (1862-1939) cherche une maison autour de Beauvais. Dans le charmant village de Gerberoy, le peintre déniche un ancien presbytère, bâti sur les vestiges d’un château fort. Il installe son atelier d’été dans la grange et aménage, au fil des ans, un trio de jardins : devant la bâtisse, une parcelle entièrement blanche plantée de roses, d’œillets mignardises et de corbeilles d’argent, puis une roseraie flamboyante, et enfin un jardin jaune et bleu, où s’épanouissent des buissons de sauge aux fleurs de lavande et des géraniums rustiques.
→ À LIRE. Henri Le Sidaner, peintre de l’intime
Les ruines médiévales lui servent à édifier un temple de l’Amour, réplique de celui du Petit Trianon à Versailles, et des terrasses à l’italienne où les rosiers grimpants courtisent les hortensias. Le belvédère offre une vue superbe sur la campagne picarde. Henri Le Sidaner fera de ces espaces intimes, peints à la lumière douce du crépuscule, le sujet de près de 90 huiles et pastels.
À Gerberoy (Oise). lesjardinshenrilesidaner.com
♦ Mauresque
L’Oasis de Joaquim Sorolla
La demeure construite par le peintre Joaquim Sorolla (1863-1923) dans le quartier Chamberí est une oasis au cœur de Madrid. Dessinés par l’artiste lui-même, les espaces extérieurs s’inspirent des jardins andalous qui ont tant impressionné Sorolla quelques années plus tôt. Juste devant la maison, le premier jardin rend hommage à l’Alcazar de Séville avec sa fontaine en marbre, son banc décoré d’azulejos (carreaux de faïence traditionnels) et ses haies de buis encerclant des rosiers-tiges parfumés.
→ REPORTAGE. Merveilleuse Cordoue
L’élégant canal qui court le long du second jardin rappelle l’Alhambra de Grenade, d’où Sorolla a fait venir des boutures de myrte. De fins jets d’eau, qui jaillissent du bassin, rafraîchissent les jasmins et les hortensias débordant de leurs pots en terre cuite. Le troisième jardin, contre l’atelier, abrite un grand bassin de nymphéas et une pergola où l’artiste aimait peindre son épouse Clotilde.
À Madrid (Espagne). culturaydeporte.gob.es
♦ Gourmand
Le domaine de Renoir
Comme l’explique Jackie Bennett dans son beau livre Jardins d’artistes, paru chez Ulmer à l’automne, Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) avait « le goût de la vie simple, de la nourriture saine et des traditions rustiques ». À Cagnes-sur-Mer, où il s’installe en 1907 pour fuir les hivers rigoureux de sa maison champenoise d’Essoyes, il achète « Les Collettes », un vaste terrain agricole couvert d’oliviers pluricentenaires (vraisemblablement plantés vers 1530 par des soldats de François Ier) qu’un promoteur s’apprêtait à débiter en ronds de serviette !
→ BALADE. Essoyes, sous les couleurs d’Auguste Renoir
Renoir fait construire une maison sur les hauteurs de la colline et aménage des terrasses plantées d’orangers, de rosiers et de bougainvilliers. Son épouse Aline s’occupe du verger et du potager, dont les tomates, artichauts et autres pois garnissent la table familiale. Pour peindre des paysages authentiques, Renoir se garde de toute intervention sur le reste du domaine : fleurs champêtres et hautes herbes y poussent librement.
À Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). cagnes-tourisme.com
♦ Fantaisiste
Le Moulin de Slava Polunin
C’est un lieu étrange et magique où des chaises poussent dans les arbres, où un lit flotte sur la rivière comme un radeau. Les végétaux eux-mêmes semblent ensorcelés : pâles dans le féerique jardin blanc, inquiétants dans le jardin noir, incandescents dans le jardin rouge. Le parc de quatre hectares du Moulin jaune, à Crécy-la-Chapelle, est depuis vingt ans le terrain de jeu du clown russe Slava Polunin, 70 printemps et une imagination sans limite. La nature se met au diapason de la créativité du maître des lieux et de ses amis artistes, comédiens ou paysagistes venus du monde entier. Chaque sentier mène à un nouvel univers peuplé d’installations farfelues : ici, un cocon-ruche depuis lequel on observe la cime des arbres et le ciel, allongé sur des peaux de bête ; là, une roulotte tsigane ou un pavillon de thé coréen niché au milieu des bambous. Un jardin-théâtre hors du temps où l’on retrouve son âme d’enfant.
À Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne). moulinjaune.com
July 05, 2020 at 12:45PM
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Visites d’été : six jardins d’artistes à effeuiller - Journal La Croix
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