Voilà près d’une vingtaine d’années que les Français se piquent de jardinage. Le confinement n’a fait qu’accentuer cet engouement. Balcon, rebord de fenêtre, lopin de terre… la moindre surface a été utilisée, mais attention, pas n’importe comment. En janvier 2019, la loi Labbé a interdit aux particuliers l’utilisation de produits phytosanitaires (engrais, pesticides…). Elle a entraîné un retour aux méthodes écolos et aux cultures « utiles ». Des jardins vivriers d’après-guerre aux jardins partagés en ville, c’est la terre nourricière que nous sollicitons désormais, de façon plus raisonnée et raisonnable. « Aujourd’hui, on veut savoir ce que l’on mange, on veut se nourrir sainement et de saison. Le bio n’étant pas à la portée de tous, alors on cherche à cultiver son potager, explique Laurence Baudelet, ethno-urbaniste et consultante pour l'association Graine de jardins. La pollution, l’épuisement des ressources en eau, l’appauvrissement de la biodiversité... nous poussent à chercher des solutions respectueuses de l’environnement. La prise de conscience est plus globale. C’est un cercle vertueux qui englobe les énergies, les moyens de transport et même les loisirs. » Un peu partout dans le pays, on voit ainsi fleurir des techniques novatrices ou reverdir des méthodes très anciennes qui ont en commun une même philosophie : avoir la main verte et légère.
La permaculture : harmonie et parcimonie
Plus qu’une technique, cette philosophie date des années 1970. Contraction des termes "agriculture" et "permanente", elle tend à faire de son lieu de vie un écosystème harmonieux, productif, autonome, naturellement régénéré et respectueux de tout et de tous ! Fini les produits chimiques et l’interventionnisme outrancier. On observe, on analyse les sols, les vents, les cycles de l’eau et du soleil pour mieux comprendre et utiliser son environnement. Et puis, rien ne se perd. Le sol ne reste jamais nu grâce au paillage naturel et au compost que l’on fabrique soi-même. Les eaux de pluie et de cuisson sont récupérées. On attire les animaux utiles, du ver de terre à la poule. On cultive serré pour ne pas perdre de place, y compris sur des treillages et les bordures. On associe les plantes pour qu’elles s’entraident… Ainsi élaboré, le potager prend soin de lui quasiment tout seul, arrosage mis à part.
La biodynamie : les astres à la rescousse
Née en 1924, l’agriculture biodynamique est une pionnière de l’écologie. Son inventeur, Rudolf Steiner, la définissait ainsi : « À la croissance des plantes, le ciel entier participe avec les étoiles. » Certes proche de la permaculture et de ses principes, cette école de jardinage associe les cycles des planètes et de la Lune à la vie des plantes. Un calendrier détaillé invite chaque jour à de nouvelles tâches. En outre, la fertilisation du sol est primordiale, grâce à des préparations à base de plantes, de bouse de vache et de cristaux de quartz.
Le jardin spontané : le choix du laisser faire
Le contraire de l'espace vert au cordeau ! On travaille d’abord avec les yeux, on laisse la nature opérer et on observe. L’idée : accueillir une importante biodiversité. Bien sûr, on apprend à différencier mauvaises herbes et plantes sauvages. On garde celles qui abriteront les auxiliaires du jardin et on laisse traîner les branchages de la taille, près du compost, pour que les animaux trouvent abri et nourriture. On privilégie les haies mixtes pour les pollinisateurs. On pratique la jachère, mais rien n’empêche d’enlever une pousse qu’on estime au mauvais endroit pour la remettre ailleurs. Écolo et économique !
Le potager en lasagne : la campagne à la ville
Issue de la permaculture, cette technique convient aux lieux dépourvus de terre au sol. Il s’agit de créer des espaces d’environ deux mètres sur un, et sur cinquante centimètres de hauteur. Dans des bacs en bois non traité, on procède par couches comme pour les lasagnes. Un feutre végétal, du gravier, un feutre géotextile et cinq couches de matières brunes (paille, copeaux, feuilles...) et vertes (fumier, tonte...) en alternance, du terreau, de l’argile bentonite, et vous voilà prête à planter !
Le faux semis : désherber sans substances
Cette pratique ancienne divise par deux la repousse des mauvaises herbes. Le principe est simple, on prépare le sol comme pour y semer des graines mais on n’y met rien. Il suffit de décompacter la terre, quinze jours à un mois avant les vrais semis, puis d’arroser. Les indésirables vont germer et sans attendre, on les élimine pour ensuite planter ce que l’on souhaite.
La mise en jachère : le traitement naturel des sols
Cette mise au repos des sols, laissés nus pour reprendre de la vigueur, permet de les préparer à l’ensemencement. Quand on a la chance d’avoir un grand jardin potager, cette technique est bienvenue pour régénérer la terre. Aujourd’hui, on privilégie la jachère longue, sur un an, et fleurie. Après un faux semis, on sème des fleurs qui vont attirer insectes et autres auxiliaires, permettant au sol de se reconstituer.
Quelle que soit la méthode choisie, chassez le naturel, il revient au galop. Avec ses promesses d’économies, de labeur allégé, de reconnexion aux éléments et d’apprentissage de l’humilité, le jardinage plus vert que vert n’a pas fini de creuser son sillon.
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August 20, 2020 at 02:42PM
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